Déclaration des ONG de défense et de promotion des Droits de
l’Homme sur les graves atteintes aux droits de l’homme perpétrées à Paoua.
Les ONG des Droits de l’Homme avaient déjà dénoncé
avec précision dans leur déclaration du 5 Janvier 2006 les exactions et
massacres subis par les populations des préfectures de l’OUHAM et de
l’OUHAM-PENDE perpétrés par les éléments
de la sécurité présidentielle sous le commandement du Lieutenant Eugène
NGAKOSSE notamment à BOSSANGOA, NANGA-BOGUILA et MARKOUNDA.
Elles avaient en son temps attiré l’attention des autorités
sur la situation, estimant qu’elle pouvait s’aggraver si aucune mesure n’était
prise pour y remédier dans les meilleurs délais.
Malheureusement, comme d’habitude, rien n’a été fait. Les
ONG des droits de l’homme seront ensuite alertées des tueries et exactions
commises par ces éléments dans la ville de Paoua.
Le
29 Janvier 2006, la ville de Paoua aurait été l’objet d’une attaque par
« des éléments armés non identifiés ».
En riposte à cette attaque et prenant prétexte de
lutter contre les assaillants, l’Armée
Centrafricaine va engager plusieurs opérations en représailles contre les
populations civiles de PAOUA soupçonnées d’entretenir ou de soutenir une
rébellion armée dont le Gouvernement a pourtant toujours nié l’existence en la
désignant par la périphrase de «bande armée non identifiée».
De
sources dignes de foi venant de personnes ou organisations ayant pu se rendre
sur les lieux, toutes les autorités de la localité sont considérées comme des
opposants au régime actuel et celles qui n’ont pu s’enfuir sont
systématiquement tuées.
Environ
1200 maisons ont été brûlées par la sécurité présidentielle et 6000 personnes
vivent dans la brousse sans compter les fuites massives des populations de la
zone vers la ville de GORE au sud du Tchad où le nombre de réfugiés Centrafricains a sensiblement augmenté
selon les Agences spécialisées des Nations Unies, confirment ainsi la gravité
de la situation même s’il n’existe pas encore de certitude sur le nombre de
personnes de toutes catégories sociales non belligérantes tuées, (enseignants,
élèves, chefs de village, paysans, etc ), le chiffre avancé étant de
l’ordre de la centaine d’où la nécessité impérieuse d’ une enquête à confier à une organisation indépendante
de l’Etat.
En
conséquence, les ONG des Droits de l’Homme soussignées :
-
Rappellent leur ferme opposition à toute conquête ou tentative de
conquête du pouvoir par la force ;
-
Rappellent que les populations centrafricaines meurtries par les crises
militaro-politiques n’aspirent qu’à vivre en paix. Elles n’ont pas besoin
d’une rébellion armée de plus mais plutôt d’une lutte contre la pauvreté pour
leur développement.
-
Condamnent de ce fait les agissements des personnes engagées dans une
quelconque rébellion qui exposent inutilement les populations ;
-
Condamnent les exactions et massacres perpétrés à l’encontre des
populations civiles de la ville de Paoua et des villages environnants des
préfectures de l’OUHAM et de L’OUHAM-PENDE
-
Exigent qu’une enquête internationale urgente soit menée, par exemple par
-Demandent
au Procureur près
-Attirent l’attention de l’opinion nationale et de la
communauté internationale sur le risque d’une grave crise humanitaire en Centrafrique
que comporte tout retard dans l’ouverture d’une enquête par le Procureur près
la Cour Pénale Internationale. Ce retard sera considéré par les auteurs des
violations des droits de l’homme en Centrafrique comme un encouragement à
l’impunité déjà consacrée par l’Etat Centrafricain.
Fait à BANGUI le 5 Mars 2006
Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture et de la
Peine de Mort (ACAT/RCA)
Me Guy DANGAVO
Association des Femmes Juristes de
Centrafrique (AFJC)
Me Marie Edith DOUZIMA LAWSON
Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH)
Mr Justin NDJAPOU
Mouvement pour la Défense des Droits de l’Homme
et d’Action Humanitaire (MDDH)
Mr Adolphe
NGOUYOMBO
Me
Mathias Barthélemy MOROUBA